Abbey Road, Studio 2. C'est ici qu'a été gravé cet enregistrement en mai 2013 pendant une session de trois jours. Soixante-douze heures qui marqueront à jamais les quatre musiciens de Tonbruket tant leur souhait d'enregistrer dans ce studio mythique était prégnant depuis plusieurs années. Le résultat est à la hauteur des attentes pour les fans du groupe de Dan Berglund, le contrebassiste du trio e.s.t., mais aussi pour tous les amateurs de space-prog-psyche-krautrock-jazz-post-rock-light-groove. Difficile de cataloguer cette musique tant les influences sont nombreuses et s'interpénètrent pour donner naissance à une musique riche, ouverte, prenant source dans le passé mais résolument tournée vers l'avenir. On sent le désir du groupe de défricher de nouveaux territoires, de créer des paysages sonores inédits, avec des combinaisons d'instruments audacieuses et des textures surprenantes et hypnotiques.

Cependant, le groupe reste fidèle à son modjo « Less Is More » et met un point d'honneur à garder le cap mélodique : c'est certainement l'album du quartet le plus abouti au niveau harmonique. Ici, pas de soli interminables ou de poses jazz-rock « flashy » : même si les titres sont instrumentaux, on pourrait volontiers parler de « chansons ». Aussi, une écoute attentive de l'album révèle la présence invisible du cinquième membre, qui n'est personne d'autre que ce fameux studio dans lequel tant de groupe, à commencer par les Beatles ou Pink Floyd - l'ombre de David Gilmour semble planer sur certains titres - ont gravé des chefs d'oeuvre de la pop. Il faut également souligner le rôle prépondérant du guitariste Johan Lindström, très célèbre en Suède, dont la signature sonore à la « lap steel » illumine tout l'album